ECLATS
Ce travail est né d’une
récolte d’éclats de bombes aux alentours
d’un pont de chemin de fer qui fut bombardé durant
la deuxième guerre mondiale. J’avais
déjà eu l’occasion de glaner quelques
morceaux qui m’avaient attiré par
l’étrangeté de leur forme, et les avais
entreposés dans mon atelier.
Les évènements de la guerre au Rwanda et leur
cortège d’images m’ont particulièrement
touché par leur sauvagerie. Ce matériau était
tout à fait idéal pour dire mon émotion, il a
fait l’objet d’une sculpture :
"Rwanda 94".
D’autres sculptures issues de fragments, telles que
"Cul de bombe" et
"Le dialogue corse", ainsi que l’actualité (l'Afghanistan), m’ont
poussé à procéder, durant
l’été 2002 à une prospection
systématique.
Ce matériau aujourd’hui macule
le monde ou presque. Toutes ces pièces
réalisées soit par assemblage soit laissées
telles quelles, n’ont pas à voir avec une
implication historique liée au lieu de leur collecte,
lieu qui pourtant date de l’époque du "plus jamais
ça". Bien sûr d’autres
émotions que la colère ou l’indignation
m’animent, parfois l’humour voire l’ironie
m’ont amené à porter un regard différent
sur ces objets insolites, ou plutôt, parfois ils
m’ont proposé des approches différentes.
Il va de soi que l’essentiel
n’est pas la chose représentée mais bien le
matériau utilisé. L’image de la sculpture ne
serait rien ou qu’un objet purement décoratif sans
le matériau qui la constitue. C’est à dire
qu’au niveau plastique aucune invention n’est
revendiquée. On peut y voir des références
variées à l’histoire de l’art, (hommage
à Okusai) la préhistoire, (Vénus) ou des
périodes plus récentes, (Daumier: bustes).
Jacky Besson